« La qualité de vie des personnes âgées est en jeu »

 

  • 350 directeurs d'établissements alertent sur leur manque de moyens.
    350 directeurs d'établissements alertent sur leur manque de moyens. | DR

 

Propos recueillis par Yves Scherr.

 

Arrêts de travail, difficultés de recrutement, manque de moyens : 350 directeurs d'établissements d'accueil de personnes âgées tirent la sonnette d'alarme, dans une lettre aux élus régionaux.

Entretien

Véronique Borriello,

Présidente de la FNADEPA Pays de la Loire.

Au nom des 350 directeurs d'établissements de la région, vous écrivez au président de la République et aux élus. La situation est tendue ?

Depuis plusieurs mois, nous sommes confrontés à des problèmes d'effectifs, en raison d'une augmentation des arrêts de travail et des difficultés de recrutement.

Cette situation s'est aggravée avec la réduction du nombre d'emplois aidés, qui permettaient jusque-là de maintenir le service rendu.

Comment expliquez-vous la progression des arrêts de travail ?

En raison de la politique de maintien à domicile, que nous soutenons, la moyenne d'âge et le degré de dépendance augmentent dans les Ehpad (1). Les besoins d'accompagnement sont de plus en plus lourds mais les effectifs sont limités. Les agents sont épuisés, découragés et frustrés parce qu'ils ne peuvent réaliser sereinement leur mission d'accompagnement.

Vous contestez aussi les bases de financement des établissements ?

Aujourd'hui, on valorise le curatif au détriment du préventif. Par exemple, plus un résident a d'escarres [lésions cutanées chez les personnes alitées], plus il a de points pris en compte pour le financement de l'établissement.

On devrait plutôt valoriser les établissements qui font de la prévention, de l'accompagnement, de la diététique pour éviter les escarres ! Il faut refondre les outils du financement.

Votre inquiétude est vive à propos des difficultés de recrutement ?

On n'est pas assez attractifs. Nos agents sont pressés et oppressés, on leur demande toujours plus pour des rémunérations qui ne sont pas très élevées. Vous pouvez travailler le week-end, la nuit. Il y a un vrai déficit de reconnaissance. L'Agence régionale de santé a ouvert des postes dans les écoles d'aides-soignants, mais elles ne font pas le plein.

Qu'attendez-vous des élus que vous interpellez ?

C'est un cri d'alarme. Les moyens disponibles ont été optimisés. Nous comptons sur leur action pour qu'enfin les personnes âgées soient prises en considération.

(1) Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.